- maléficier
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⇒MALÉFICIER, verbe trans.A. —Frapper de maléfice.1. Qqn maléficie qqn. Affliger quelqu'un, par l'action d'un sortilège, d'une maladie entraînant parfois la mort. Maléficier son ennemi. L'auteur de la Démonolâtrie en donne pour preuve que cette même haleine peut à la fois maléficier et guérir (É. DELCAMBRE, Le Concept de la sorcellerie dans le duché de Lorr. au XVIe et au XVIIe s., Nancy, Sté d'archéol. lorr., fasc. 2, 1949, p. 150):• ♦ ...une absorption de ce poison magique passe pour une condition nécessaire de son efficacité. La sorcière le mêle à la boisson, à la nourriture et surtout aux fruits de celui qu'elle veut maléficier.É. DELCAMBRE, Le Concept de la sorcellerie dans le duché de Lorr. au XVIe et au XVIIe s., Nancy, Sté d'archéol. lorr., fasc. 2, 1949p. 110.2. Qqn maléficie qqc.a) Se servir d'un objet comme support de maléfice. Un certain comte de Lautrec qui faisait don aux églises de statues pieuses qu'il maléficiait pour sataniser les fidèles? (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 108).b) Vieilli. Jeter des maléfices sur, nuire. Maléficier les blés, les fruits de la terre (ds ROB.).— Au passif. Qqc., qqn est maléficié par qqc. Puanteur horrible de notre maison. Nous en sommes à nous demander si ce tabernacle de douleur et de misère, qui paraît avoir déjà tué l'un de nos deux enfants, n'est pas maléficié, de toutes manières, par la présence de quelque relique affreuse... (BLOY, Journal, 1895, p. 168).B. —P. ext. [Avec un sens affaibli, sans réf. aux pratiques magiques]1. Qqc. maléficie qqn. Nuire à. Je n'osais pas aller mendier un secours à Finot, et Rastignac, ma providence, était absent. Cette gêne constante maléficiait toute ma vie (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 151).2. Qqn maléficie qqn. Exercer une influence négative, néfaste. Les morts ont droit à nos prières, à nos méditations. Négligés, ils nous maléficient; honorés, servis, ils nous guident (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902, p. 48).Prononc.: [malefisje]. Étymol. et Hist. 1578 [éd.] «jeter des maléfices sur» (P. NODÉ, Déclam. cont. l'err. execr. des maleficiers, etc., p. 56 ds GDF.), attest. isolée; à nouv. au XIXe s. 1821 (J. DE MAISTRE, Soirées, Paris, Librairie grecque, latine et française, II, 420). Empr. au b. lat. maleficiare, class. malefacere «faire du mal, nuire».maléficier [malefisje] v. tr.ÉTYM. 1508, au p. p.; bas lat. maleficiare; lat. class. malefacere, de maleficium → Maléfice.❖♦ Vx. Frapper par l'effet d'un maléfice. ⇒ Ensorceler.1 Ils ont condamné à mort telle canaille, qui maléficiait les blés et autres fruits de la terre.♦ Par ext. Rendre pénible.2 La loge coûtait à peine cent sous, je ne possédais pas un traître liard (…) je n'osais pas aller mendier un secours à Finot (…) Cette gêne constante maléficiait toute ma vie.Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 129.——————maléficié, iée p. p.♦ Vx. Atteint par l'effet d'un maléfice, en particulier, en parlant d'hommes frappés d'impuissance. || « Refroidi, maléficié et impotent à génération » (Rabelais, III, 31). — N. || Les maléficiés : les victimes d'un maléfice.3 Je commence par cette question en faveur des pauvres impuissants, frigidi et maleficiati, comme disent les Décrétales (…) Ceux qu'on appelait les maléficiés étaient souvent réputés ensorcelés. Ces charmes étaient fort anciens. Il y en avait pour ôter aux hommes leur virilité (…)Voltaire, Dict. philosophique, Impuissance.4 (…) je dois diviser les êtres atteints d'incubat et de succubat en deux classes (…) La seconde est composée de gens auxquels l'on a imposé, par voie de maléfice, la visite de ces Esprits (…) Ordinairement, ces victimes finissent par la folie (…) Un thaumaturge que je connais a sauvé bien des maléficiés qui hurleraient, sans lui, sous le fouet des douches !Huysmans, Là-bas, IX.♦ (1546). Par ext. (vx). Affligé, abîmé par la maladie.5 Je suis vieux (…) malade, borgne d'un œil, et maléficié de l'autre.Voltaire, Correspondance, 3012, 19 janv. 1767.
Encyclopédie Universelle. 2012.